Emma Woodhouse est jeune, belle, riche et adulée par son entourage. Par conséquent, elle agit comme l'enfant gâtée qu'elle est, pense tout savoir sur le monde. Seul son ami d'enfance, voisin et beau-frère, Mr. Knightley l'incite régulièrement à se remettre en question. Comme elle n'a aucune intention de se marier elle-même, n'en voyant pas l'intérêt, elle choisit comme passe-temps favori d'interférer dans les affaires de coeur de ses voisins et amis, en créant souvent plus de désastres que de réussites, jusqu'à mettre son propre bonheur en péril...

     Jane Austen a débuté l'écriture d'Emma le 21 janvier 1814 pour l'achever le 29 mars 1815. Son frère Henry l'accompagnera alors à Londres pour négocier au mieux les droits de ce nouveau roman. Il sera publié en décembre 1815, bien que portant la mention "1816", et traduit en France dès mars 1816 sous le titre La Nouvelle Emma ou les Caractères anglais du siècle. Il s'agit du dernier de ses romans à être publié de son vivant.

     Il est considéré comme son oeuvre la plus aboutie. Pourtant, de nombreuses janéites vous diront également que c'est certainement son héroïne la plus agaçante. Jane Austen elle-même disait « no one but myself will much like [her] » (« en dehors de moi, personne ne l'aimera vraiment »). Il s'agit d'un roman d'apprentissage très moderne pour l'époque (et qui l'est toujours aujourd'hui) mais comme toujours dans les écrits de Jane Austen, on y trouve finalement bien plus qu'il n'y laisse paraître au premier abord et certains le qualifieront même de "roman policier sans meurtre".

     Le succès de ses précédents romans, bien que publiés anonymement, avait déjà rapporté à Jane Austen une certaines notoriété donc elle se serait bien passée, notament auprès du futur George IV, qu'elle n'appréciait guerre. En effet, en novembre 1815, James Stanier Clarke, le bibliothécaire du Prince régent, invite Jane Austen à Carlton House et lui apprend que le Prince régent admire ses romans et en garde un exemplaire dans chacune de ses résidences; il lui conseille alors de lui dédier sa prochaine oeuvre. C'est évidement plus un ordre qu'une requête, auquel elle sera bien obligée de se plier. Cependant, forte de son humour habituel, elle tirera de sa rencontre avec ce bibliothécaire, particulièrement imbu de sa personne et qui lui avait fait alors une série de suggestions pour ses prochains romans, une petite oeuvre satirique intitulée Plan d'un Roman.